What would my life be if it were not mixed up with yours ?

Les sorties se font rares dans ta vie. Et pour cause, loin d’apprécier sortir, tu n’es pas comme tous les étudiants, privilégiant ton ordinateur aux conventions sociales. La foule t’effraie, dans ce cas-là, tu as tendance à paniquer, à trembler et à perdre tous tes moyens. Ce sont des habitudes qui ne le sont pas dans ton existence contrairement aux autres. Les seuls moments sont rares et seulement avec les plus proches de tes amis, notamment ton équipe qui ont pu t’entendre dire des absurdités. L’alcool ingurgité a plus que jamais fait disparaître ta timidité quotidienne. Et tu lâches une triste vérité : le fait que tu es puceau. Ce n’est plus un secret pour personne. Tu sais que bientôt, la nouvelle se répandra et que toute l’université sera au courant de ta vie sentimentale inexistante. Pour dire, tu ne fais rien pour l’arranger. En restant enfermé entre les quatre murs de ta chambre, tu ne cherches pas et c’est assumé. Depuis quand est-ce devenu étrange de ne pas être intéressé par l’alcool, le sexe et la drogue ? De nos jours, la débauche est devenue banale. Les gens tels que toi sont montrés du doigt. Moqués, regardés avec des yeux amusés. Tu en as été victime plusieurs fois, incapable de te défendre, tu te caches souvent, les yeux baissés, attendant que la tempête ne passe. C’est toujours ainsi que tu réagis, parfois, tu as la chance que des amis osent te défendre, pour pallier à ce manque. Tu regrettes cette timidité, malgré ta bonne volonté, c’est encore compliqué pour toi de défier quiconque. Aujourd’hui, c’est le cadet de tes soucis, la perte du mari de ta sœur ayant accaparé tout ton esprit. La détresse qu’elle ressent accapare ton attention, quoi de plus normal ? Elle a besoin de soutien, qu’on soit là pour l’écouter, pour l’épauler. C’est ton rôle, même si tu es son petit-frère. Votre relation a toujours été fusionnelle, ce besoin de vous tenir la main a toujours subsisté. Tu es fier de ce lien construit avec les années. Tu es prêt à beaucoup pour Lily. Notamment faire un effort, te rendre dans un bar pour lui faire plaisir. T’habillant en vitesse, tu quittes ta garçonnière pour la rejoindre dans l’établissement en question.

La foule déjà présente te donne un haut le cœur, lorsque tu entres, le bruit est infernal bien que l’ambiance soit chaleureuse. Tu repères vite ta sœur, assise à une table près de la fenêtre. Tu t’en approches, elle est de dos, tu en profites pour approcher discrètement, tes mains se placent devant ses yeux. « C’est quuuiii ? » Une voix volontairement plus grave qu’à l’accoutumée pour tenter de ne pas dévoiler ton identité, enfin c’est pas gagné. Elle te connaît par cœur.

What would my life be if it were not mixed up with yours ?

T'arrives pas à rester dans ton appartement. Pourtant, t'es pas seule. Y'a Alex. Mais c'est différent. C'est compliqué. Voilà, c'est ça le mot en fait. Compliqué. Parce qu'il n'est plus là, qu'il ne débarquera plus à l'improviste. Il n'y aura plus de coup de téléphone juste pour entendre ta voix ou papoter simplement. Non, tout ça, ça n'arrivera plus. Mais t'es pas du genre à rester sur place et à pleurer. Ce n'est pas toi, ce n'est pas possible. Tu prends ton téléphone et envoie un sms à ton frère. T'as besoin de lui même si tu n'es pas prête à te l'avouer. Ni à le lui avouer. C'est toi la grande soeur, c'est toi qui doit être là pour lui. Et pas l'inverse. Pourtant, t'as besoin de le voir. Alors l'invitation est lancée. Un bar un peu plus loin, pas sur le campus, ni même trop près. Tu veux t'éloigner de ce monde, de ton cocon. Après une douche rapide, tu te plantes face à ton armoire. T'as pas besoin d'en faire des tonnes, de toute façon, tu ne l'as jamais fait. Tes vêtements viennent pour la plupart d'une friperie. T'y peux rien, les affaires vintages c'est ton petit plaisir. Une robe à fleurs, des bottines et une veste en cuir. Pas trop extravaguant mais plus habillé que tes jeans et tes tee shirts trop larges. Tu pars, tu veux y être un peu avant. Ce n'est pas contre Garett mais t'as besoin d'un moment à toi. Et puis il ne t'en voudra pas, tu le sais. Lorsque tu entres, tu pars directement t'installer et lève le bras pour commander un mojito. Pas léger léger mais ça ira très bien pour commencer. De toute façon ton corps est habitué, la fête, tu en as l'habitude. Tes yeux s'égarent dehors, à travers la fenêtre à côté de laquelle tu es placée. Tu ne le verras pas arriver mais ce n'est pas grave. Tes lèvres trempent dans ton verre et tu te délectes du goût sucré qui se mélange à celui de l'alcool. Tu finis ta quatrième gorgée lorsque tes yeux se retrouvent couverts de deux paluches bien connues. Cette voix, tu la connais par coeur et tu éclates de rire. T'attrapes ses mains et le tire contre toi avant de tourner ta tête pour poser un baiser bruyant sur sa joue. " Salut frangin. " Tu finis par le lâcher pour qu'il s'installe face à toi et termines ton verre déjà bien entamé. A nouveau ton bras se lève, t'es bien décidée à reprendre la même chose. " Il est hors de question que je sois la seule à boire ce soir. " Tu passes commande, tu le laisses faire de même et libère le serveur. Plus vite il partira plus vite il reviendra. Il a bien compris qu'on ne rigolait pas avec toi concernant l'alcool. " Je suis contente que tu sois sorti de ta tanière. Comment tu vas ? " Non, tu ne l'as pas forcé, après tout il aurait pu refuser n'est ce pas ? Oui voilà, c'est comme ça que tu te déculpabilise.