Le titre de ton histoirechapitre one C'est une nuit chaude d'été. Ce soir-là, une femme quitte précipitamment son domicile, seule. Son ventre est rond, assez pour comprendre qu'elle en est à son stade terminal. Elle ne sait pas comment mais, elle l'a senti. Elle sait que l'heure est arrivée et, que tu comptes bientôt pointer le bout de ton nez. Prenant le bus, mal en point, la moindre bosse sur la route est une torture pour elle. Elle grimace alors que des personnes se postent autour d'elle, lui demandant bien entendu ce qu'il ne va pas. Elle prétend que tout va bien, que les choses vont tenir mais, une bosse de plus et, le liquide amniotique s'étalait sur le sol. Le premier geste des personnes fut de se reculer et d'alerter le chauffeur qui fut contraint de s'arrêter sur le bas-côté. Ta mère commençait à hurler sous la douleur que lui provoquaient les contractions. Le travail avait déjà commencé et, la seule chose que les personnes pouvaient faire à ce moment-là c'était, soit aider ta pauvre mère, soit appeler les secours. Les deux furent faites et, incapable de pouvoir transporter ta mère à l'hôpital, tu vis le jour à l'arrière de cet autobus.
Le jour de ta naissance, ton père n'avait pas été là et, cela continuerait une bonne partie de ton enfance. Il n'était là que quelques mois dans l'année. Souvent pour certains fêtes et encore, il loupait parfois ton anniversaire. Maman disait que son travail lui prenait beaucoup de temps et qu'il devait beaucoup voyager pour qu'ils puissent vivre convenablement. Pourtant, toi tu t'en fichais de l'argent. Ce que tu voulais, c'était ton père et personne d'autre. Ta mère te montait souvent sur la tête, te tapait souvent sur les doigts, même quand tu ne faisais rien. Il faut dire que l'absence de papa devait beaucoup lui peser et, souvent, les bouteilles d'alcool s'entassaient dans l'évier de votre petite maison. Cependant, il fallait que la vie continue, que ta vie continue, car, elle ne faisait que commencer.
chapitre two Tu grandissais, toujours baigné dans l'absence de ton père et l'alcoolisme de ta mère. De ce fait, pour échapper à cette dure réalité qu'était ta vie de famille, tu sortais chaque jour dans le quartier de Puerto Madero. À l'époque, il était plutôt calme et, chaque personne qui s'y trouvait, se connaissait. Tu jouais souvent avec les mêmes enfants, peu importe leur âge. Cependant, ce jour-ci, tu avais pris la décision de t'éloigner un peu plus de la maison et du quartier. Ta mère avait levé la main sur toi et, c'était en larmes que tu avais fini ton chemin dans les transports en commun. Une gentille dames était venue te tendre un mouchoir. Tu avais bien remarqué dans son regard toute la pitié qu'elle semblait te porter en cet instant. Tu avais cependant accepté gentiment le dit mouchoir, la remerciant poliment avant d'essuyer tes larmes et te moucher. Le bus s'arrêtant, tu avais décidé de quitter l'habitacle. Voir toutes ses personnes te dévisager comme si tu n'étais qu'un vulgaire morceau de viande triste, te rendait bien trop mal à l'aise. T'arrêtant dans le quartier voisin, La Boca, tu te mettais alors à longer le port de pêche, shootant par moment dans un caillou qui passait sur ton chemin.
Tu avais déjà marché une bonne vingtaine de minutes quand ton oreille fut attirée par le bruit de miaulement. Curieuse, tu te mettais un peu à siffler, à appeler les petites bêtes qui produisaient ce son. Il ne te fallut pas moins de cinq bonnes minutes pour réussir à les trouver. Ils étaient là, dans un carton, sans mère et très affaiblis. Il te faisait de la peine ces petites boules de poil. Tu observais les alentours, mais, ne distinguais aucune mère à l'horizon. Doucement alors, tu glissais tes mains sous le carton et le soulevais afin de les mettre dans un coin à l'ombre, caché. « Je reviens vite ! Ne bougez pas ! » Là, tu partais subitement en courant. Tu ne pouvais pas ramener ces petites bêtes avec toi, ta mère n'aurait pas supporté d'avoir des chats à la maison, elle n'avait jamais vraiment apprécié les animaux. Cependant, si chaque jour tu pouvais aller leur rendre visite et leur donner à manger, tu le ferais. Toute impatiente, tu remuais d'un pied sur l'autre dans les transports en commun. Une fois à la maison, tu entrais sans annoncer ta présence. Tu attrapais simplement un petit carton propre, une couverture et de la nourriture. Tu en hachais la moitié et attrapais une petite pipette pour l'eau. Une fois tout ça dans les bras, tu reprenais le bus, toute excitée à l'idée de pouvoir les aider. Malheureusement, les choses allaient se passer autrement.
En arrivant, tu trouvais simplement deux garçons du club de foot tapé dans les pauvres bêtes. Sur les cinq que tu avais vues tout à l'heure, trois étaient au sol, inerte. Le quatrième servait de ballon aux deux garçons. Sous ce spectacle déplorable, tu perdis contrôle. Tu laissais ton carton tomber au sol et fonçait simplement tête baissé sur le premier gamin. Là, tu déversais tout, tout ce que tu ressentais, toute la colère. Tes petits poings cognaient encore et encore le visage du garçon maintenant coincé sous toi. En voyant ça, le second venait bien entendu aider son ami mais, l'adrénaline te permit de t'en débarrasser facilement en le poussant au sol. Tu t'acharnais sur lui, sur eux, sans aucun répit. Tu criais et pleurais, les insultants dans ta langue maternelle. Cependant, tu ne vis pas venir cette grosse pierre. Elle s'écrasa contre l'arrière de ton crâne et, tu tombas, inconsciente. Tu ne sais pas combien de temps s'écoula entre ce moment précis et ton réveil. Tu sais juste qu'une douleur vive te parcourait l'entièreté du corps. Un goût métallique et désagréable coulait dans ta bouche. Péniblement, un oeil encore fermé, tu te hissais sur tes pieds. C'est là que tu vis le massacre, les corps de ces pauvres chatons, jonchant le sol, inerte.
chapitre three Par chance, ce soir-là, le cinquième petit chaton fut retrouvé en vie, bien qu'amoché, tout comme toi. En rentrant à la maison avec le carton, ta mère te conduisit directement à l'hôpital. La pierre que tu t'étais prise en pleine tête t'avait fait une belle plaie. Voilà, tu te retrouvais avec une magnifique cicatrice à l'arrière du crâne. Pourtant ce soir-là, ce ne fut pas pour la douleur ressentie à l'arrière du crâne que tu pleuras, non. Tu pleurais en priant pour que ton petit chaton s'en sorte et, ce fut le cas, à la plus grande surprise de tous. « Toi, tu t'appelleras Warrior. » avais-tu murmuré quand ta mère avait demandé comment tu souhaitais l'appeler. Oui, elle avait accepté que tu puisses le garder. Cependant, avec tout ce qui s'était passé et, les voyages incessants de ton papa, ta mère prenait la décision, trois ans plus tard, de quitter le pays, en ta compagnie. Tu quittais tes racines, tes origines pour peut-être un avenir meilleur.
Warrior t'avait heureusement suivi durant le voyage. Hors de question que tu laisses ta petite boule de poil seul. Tu entrais alors dans le pays qu'est la Bulgarie, dans une petite maison située sur le bord de la plage. La vraie vie commençait pour toi, celle où tu voyais enfin plus souvent ton père. Anniversaire, fête, parfois même des semaines entières. Tu n'en croyais pas tes yeux, tu étais heureuse, pleinement heureuse. Ta mère avait même considérablement réduit sa consommation d'alcool. « Tu vois Warrior, tout s'arrange ! » disais-tu en tenant ton gros chat à bout de bras. Cependant, une bonne nouvelle venue, une mauvaise allait l'accompagner de près.
Cela faisait déjà un moment qu'en mangeant certains féculent, une douleur se manifestait dans ton estomac, une douleur parfois si violente que tu en vomissais quasiment automatiquement ce que tu mangeais. Alertée par les vomissements qui ne s'arrêtaient parfois pas, ta mère prit la décision de t'emmener à l'hôpital et, le verdict tomba : tu étais intolérante au gluten. Subitement, la liste des bonnes choses à manger se réduit considérablement. Pourtant, cette petite maladie te permit de prendre un tournant dans tes choix de nourriture. Depuis ce qui s'était passé il y a trois ans sur ce port, tu mangeais beaucoup moins de viande, voir certains moins, plus du tout. Alors, le choix pour toi fut assez clair : « Maman, je veux être végétarienne. »
chapitre four Cinq ans après votre premier déménagement, vous voilà à nouveau parti pour une nouvelle destination. Le travail de ton père avait une fois de plus évolué, il s'éloignait à nouveau de toi et, ta mère comprenait bien que tu ne supporterais pas ça une fois de plus. Warrior t'avait malheureusement quitté quelques semaines auparavant alors, ne plus voir ton père serait un coup de plus dont tu ne pourrais te relever. Bagage fait, tu disais au revoir au fantôme de Warrior avant de monter dans la voiture.
Cela faisait maintenant presque neuf ans que tu avais posés pieds sur le sol australien. Après plusieurs années à parler espagnol puis d'autres à parler bulgare, tu n'avais eu aucun mal à t'habituer à l'anglais. Bon, l'accent que tu avais était assez pitoyable, certes mais, tu te débrouillais bien pour une latino. Tu avais posé peu à peu tes marques dans la ville. Encore trop sensible pour avoir un "vrai" animal de compagnie, tu avais opté pour deux petites souris blanches. D'ailleurs, celle-ci, tu les avais recueillis lors d'une manifestation contre le traitement exercé sur les animaux dans les laboratoires. Elles étaient là, enfermée dans une cage et complètement apeuré. À croire qu'une force plus puissante te mettait toujours sur le chemin d'animaux en danger. Combien de fois tu avais récupéré des animaux qui vagabondaient dans ta rue, blessée ou affamé. Les êtres humains pouvaient réellement être d'une cruauté sans nom. Cela était si... désolant.
Cependant, en dehors des animaux, tu avais bien entendu d'autres activités. Il y avait déjà les cours que tu suivais dans la prestigieuse université de Queensland. Ainsi que ton petit boulot dans le cinéma proche de ton quartier. Il y avait les amis aussi. Bien que tu avais parfois un peu de mal à t'en faire, du moins des amis de ton âge. Beaucoup étaient un peu fous et complètement con. Heureusement qu'il y avait un homme qui te changeait les idées. Il était prof à l'université de Queensland, prof de sport. Souvent, tu allais lui rendre visite entre deux cours sur le terrain de foot ou bien dans le gymnase. Adorant le sport, vous vous compreniez assez bien sûr ce sujet et puis, souvent, il avait ce petit don pour te faire rire ou râler. Surtout râler en fait. Tu étais même certaine qu'il prenait un malin plaisir à le faire. En tout cas, ta vie était plutôt paisible et calme. Ce qui, souvent, dans ta vie, n'avait jamais rien présagé de bon.