when the world falls into pieces,
you'll be the one voice of reason. ☆ (castin)

Tu pousses un long soupir, t’arrêtant soudainement de faire les cent pas. Ce moment, ça fait un bon mois que tu l’attends, mais tu n’es finalement plus si sûre de vouloir aller au bout de ton idée. Après tout, tu pourrais très bien faire demi-tour et retourner oublier toute cette histoire à Perth, ou ailleurs encore. L’espace d’une seconde, ça te semble même ne pas être une décision si terrible. Tu n’étais pas si mal là-bas tout compte fait… Mais une fois de plus, tu prends conscience de tes dérobades répétées. C’est toujours tellement plus facile de fuir face à la difficulté, pas étonnant que tu sois prédéterminée à partir en courant chaque fois que tu rencontres un obstacle. Cette fois-ci, c’est la bonne. Tu vas tenir, tu vas y arriver et tu pourras être fière de toi. Tu vas renouer contact avec ta famille et t’en sortir.
Inspirant profondément, tu t’approches de la porte devant laquelle tu as hésité maintes fois, et appuies doucement sur la sonnette de l’entrée. Ton cœur s’emballe dans ta poitrine, préparé à cette confrontation, mais pourtant pas prêt à le faire. Personne ne vient répondre de l’autre côté. Pourtant, tu t’étais assurée qu’Austin était rentré chez lui avant de débarquer à l’improviste. Soudain, tu te mets à avoir peur. Et s’il avait regardé par le judas et décidé de ne pas ouvrir la porte en te voyant de l’autre côté ? Des pensées de plus en plus négatives défilent dans ton esprit. Si même Austin ne veut plus t’adresser la parole, tu n’as plus aucune chance. Traînant un peu les pieds, tu fais demi-tour et commences à t’éloigner. Tu te maudis d’être un tel déchet de l’espèce humaine et voudrais disparaître six pieds sous terre. Pourtant, tu entends finalement une porte s’ouvrir à quelques mètres de toi et, alors que tu tournes la tête, dépitée, tu vois la tête de ton frère sortir par l’entrebâillement.
Cela ne fait que trois ans que tu ne l’as pas vu, mais tu as l’impression que ça fait une éternité. Le voir en chair et en os devant toi te fait réaliser à quel point il t’a manqué. Austin a un peu changé, mais tu le reconnaitrais entre mille. « Surprise… » tu lâches, peu convaincue. Tu avais tellement espéré faire bonne impression que tu te sens un peu penaude d’apparaître comme ça devant lui. Pitié, ne me rejette pas. Tu sais déjà que s’il te repousse, tu ne pourras pas t’en remettre.

when the world falls into pieces,
you'll be the one voice of reason. ☆ (castin)

Tu étais rentré chez toi depuis peu de temps, enroulé dans ta couette et t'endormant à moitié devant un épisode d'une série quelconque à la télévision lorsque le bruit de la sonnette te sortit brutalement de ta somnolence, l'espace de quelques instants tu envisageas de rester là où tu étais, de faire comme s'il n'y avait personne, te disant que si c'était si urgent la personne repasserait ou t'appellerait s'il se trouvait qu'elle avait ton numéro de téléphone mais finalement quelque chose en toi, ta conscience, ou peut-être était-ce ton instinct finit par te convaincre que ce n'était pas correct de faire ça, te poussant à rouler hors de ton lit, enfiler des vêtements plus corrects qu'un pyjama et attraper une cigarette d'une main tout en évitant soigneusement le miroir sur ton passage, ce n'était clairement pas le moment d'avoir une crise existentielle quant à ton apparence, vu le temps que tu avais déjà pris il y avait de grandes chances que la personne ait perdu patience.

Ouvrant la porte sans la moindre discrétion, tu sortis sur le palier, la porte encore ouverte derrière toi, la cigarette tout juste allumée entre les doigts, te maudissant en voyant une silhouette qui s'éloignait, prêt à la rappeler à l'instant même où elle se retourna et où tu faillis t'étouffer tout seul avec ta fumée, les yeux écarquillés.

« Cat ? »

Ce n'était clairement pas possible, rationnellement ça ne pouvait être que deux choses, une personne qui lui ressemblait fortement et auprès de qui tu devrais bien vite t'excuser de la méprise ou alors tu étais en train de  rêver, voire d'halluciner, tu considérais réellement une hallucination comme plus rationnel que de voir ta petite sœur débarquer.
Pourtant lorsqu'elle se mit à parler tu ne pus que te rendre à l'évidence, c'était elle, une inconnue même ressemblante n'imiterait pas jusqu'à sa voix et de toute évidence tu avais beau chercher à te réveiller ou à revenir à la réalité, tu y étais bien, tu y étais déjà.

Pendant un long moment il n'y eut que le silence entre vous, simplement brisé de temps à autre par les voix des voisins, des voitures qui passaient ou des chiens qui aboyaient, tes yeux ne lâchant pas ta sœur du regard. Tu ne savais pas comment réagir en vérité et ta seule réaction lorsque tu ne savais pas quoi faire ou quoi dire avait toujours été de te taire pour mieux réfléchir, tu savais que ça risquait de rendre l'instant encore plus stressant pour elle, tu le savais, tu en étais désolé mais tu n'avais pas le choix, c'était le mieux à faire, il aurait de toute façon été impossible de retracer oralement le cours de tes pensées.
Un instant tu angoissais sur ton apparence, te demandant ce qu'elle pouvait bien penser de toi, elle qui avait laissé le parfait petit soldat, qui aurait suivi son grand frère au bout du monde, aurait vendu son âme au pays et à l'armée, et qui se retrouvait à présent face à un gosse en jean déchiré, t-shirt de groupe, Dr Martens et clope qui se consumait toute seule à la main, clairement tu avais envie de disparaître sur le champ, et dans l'instant suivant tu te disais que tu avais enfin ta chance de te rattraper, celle que tu avais voulu depuis trois ans, attendu, celle de t'excuser et de te faire pardonner, dans une véritable ambivalence des sentiments.

Ce fut finalement après de longues, trop longues minutes que tu finis par réagir enfin et aller la rejoindre dans le jardin, les excuses ne franchirent pas tes lèvres pour autant, pas tout de suite, pas encore, mais tu l'attirais dans tes bras, toi qui pourtant n'avait jamais été particulièrement tactile, toujours un peu distant et à l'écart des autres, là dessus aussi le changement s'était opéré et tu avais aussi besoin de la sentir contre toi, de réaliser, avoir une nouvelle preuve que tout ça était vrai et pas le fruit de ton imagination malmenée.

« C'est vraiment toi ? »

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you'll be the one voice of reason. ☆ (castin)

Tu ne peux en croire tes yeux. Austin s'est matérialisé à quelques mètres de toi alors que tu avais perdu espoir. Ses yeux clairs se verrouillent aux tiens et le monde s'arrête de tourner autour de vous. Tu scrutes les moindres recoins de son visage, t'imprégnant de lui après toutes ces années passées loin l'un de l'autre. C'est à ce moment-là que tu réalises que ton frère t'a manqué bien plus que ce que tu avais pu imaginer et s'il se détournait de toi, tu pourrais bien ne jamais t'en remettre. Les minutes s'écoulent et rien ne se passe. Tu commences à regretter d'avoir mis les pieds ici. Austin ne semble pas prêt à te revoir et tu pourrais bien avoir tout gâché en venant à sa rencontre.
Et finalement, ton frère a un geste que tu n'attendais plus. Il te rejoint à grandes enjambées et t'attire dans ses bras, t'enlaçant comme il ne l'avait jamais fait auparavant. « C'est vraiment toi ? » qu'il dit à ton oreille. Ce contact inattendu, cette voix douce et inquiète, peut-être aussi soulagée, ont raison de toi. Les larmes se mettent à couler sans que tu ne puisses les arrêter. D'abord silencieuses, tentant d'accuser le choc. Puis tu renifles bruyamment tout en passant à ton tour les bras autour de ton frère. « C'est vraiment moi. Austin... » tu commences dans un murmure avant d'être prise d'un soubresaut et de taire un sanglot. Tu ne peux croire que c'est vrai. « Je suis tellement désolée. Si tu savais à quel point je m'en veux... » Ta voix se brise face à tant d'émotions et tu laisses les larmes couler, évacuant ainsi tous tes doutes, laissant place au soulagement d'avoir retrouvé une partie de toi.

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you'll be the one voice of reason. ☆ (castin)

« Cat...»

Elle avait beau avoir déjà confirmé que c'était bien elle, tu avais encore besoin de répéter son prénom en la serrant dans tes bras, tu n'avais jamais réalisé jusqu'à cet instant très précis à quel point elle t'avait manquée, tu n'avais même jamais réalisé jusqu'à cet instant très précis à quel point tu l'aimais.
Vous n'aviez pourtant jamais été particulièrement proches, bien trop obsédé que tu étais par l'idée de ressembler à ton aîné tu devais bien admettre l'avoir délaissée et ne t'être jamais vraiment intéressé à elle mais quand tout s'était écroulé autour de toi, quand on t'avait annoncé que tu devais renoncer à tes rêves et à tout ce que tu avais été, tout ce que tu avais voulu être, quand tu t'étais retrouvé seul, que tu n'avais absolument plus rien, c'était à elle que tu avais pensé en premier, elle que tu avais fini par comprendre sans même lui reparler, c'était elle dont tu avais fini par te sentir proche...Elle, ce que vous lui aviez fait, lui surtout, toi aussi puisque tu suivais toujours sans protester, la culpabilité que tu ressentais chaque jour de ta vie depuis que tu avais compris, depuis que tu avais réalisé ne te quittait pas, tu n'aurais jamais pensé la revoir et pourtant elle était là, dans tes bras, l'entendre pleurer, s'excuser était insoutenable, tu ne pouvais pas supporter ça alors qu'elle n'avait rien fait de mal

« Non s'il te plait t'excuse pas »

Tu t'écartais légèrement d'elle pour mieux plonger tes yeux dans les siens, essuyant ses larmes délicatement du bout des doigts

« C'est moi qui suis désolé »

Tu ne savais même pas quoi ajouter de plus, comment te justifier exactement, comment expliquer ton changement, tu ne savais pas quels mots utiliser, tu étais juste jeune à cette époque là, jeune, stupide, ignorant, enfermé dans tes idées, tes obsessions, ta propre auto-destruction que personne ne remarquait...Son auto-destruction à elle avait été rapidement visible, la tienne elle avait toujours été trop insidieuse, passant inaperçue aux yeux de tout le monde, après tout c'était normal pour le cadet de vouloir suivre, imiter son frère aîné pas vrai ? Personne n'avait remarqué que c'était ta manière à toi de ne plus exister, ta manière à toi de te supprimer pour ne plus rien avoir à affronter, personne même pas toi, tu l'analysais juste ainsi aujourd'hui avec le recul des années, paradoxalement d'un certain point de vue c'était ta maladie qui t'avait forcée à exister à nouveau, à récupérer ta propre personnalité aussi violent qu'ait pu être le retour à la réalité.

Souriant légèrement, essayant de retenir tes propres larmes, ta fierté étant elle toujours intacte, tu glissas ta main dans la sienne, l’entraînant vers l'entrée, tu adorais ton quartier ce n'était pas la question mais tu n'avais aucunement envie que les voisins se mêlent de vos affaire familiales, de vos retrouvailles

« Viens, on sera mieux à l'intérieur, tu feras pas attention je rentre du travail j'ai pas rangé »

Et si auparavant lorsque tu lui disais, lorsque vous étiez enfant, tu entendais par là qu'un livre était légèrement de travers sur la table et les coussins pas parfaitement alignés, aujourd'hui cela signifiait plutôt que des piles de vinyles s'entassaient un peu partout, ainsi que des tas de vêtements tout juste récupérés à la friperie, propres mais pas encore rangés, tu faisais partie de ces personnes qui s'épanouissaient dans ce qu'on désignait sous le nom très élégant de bordel organisé.