C'est ça qui est génial dans l'univers : son coté imprévisible.chapitre one ; "You took your first breath." "she took her last."
PAPA
« […]
Ils ont été obligés de l’ouvrir. Elle saignait beaucoup. Et toi… toi, tu étais là, le cordon ombilical entouré autour de ton tout petit cou. Ils t’ont fait sortir et ont commencé un massage cardiaque. Ils ont pressé leurs mains sur ta poitrine dans ce même mouvement régulier et répétitif. Tu es revenu à la vie pendant qu’elle agonisait. Tu es venu au monde… et elle est partie. Elle est partie sans que personne ne se soit battu pour elle. »
C’est mon anniversaire aujourd’hui. J’ai dix ans. J’ai dix ans, je m’appelle Leonhard et j’ai tué ma mère le jour même de ma naissance. Depuis je purge ma peine. Un peu plus tous les jours l’ardoise s’alourdit. La vérité c’est que je n’étais pas sensé vivre, alors en ce monde il n’y a pas de place pour moi. Peut-être si j’avais été promis à un bel avenir… mais ce n’est pas le cas. Je ne suis pas un petit génie, ni un grand sportif et plus tard je ne gagnerais jamais d’Oscar. J'ai beau être un futur riche héritier moi je trouve que je suis juste un gamin comme tous les autres, insignifiant. J’ai dix ans et je suis convaincu d’être un assassin. Si par hasard j’ai le malheur de l’oublier, mon père est de toute façon là pour me le rappeler. Tous les ans, le jour de sa mort, je me retrouve assis sur cette chaise à cette table et sagement je dois écouter mon père me conter ce récit cauchemardesque. Toujours le même discours. Avec les mêmes mots. Et chaque fois j’ai envie de vomir. Je me déteste pour ce que j’ai fait, et il me hait lui aussi. Pourtant nous sommes obligés de cohabiter. Dans une atmosphère glaciale. Malgré tout nous sommes obligés de veiller l’un sur l’autre. C’est comme une promesse que nous avons faîtes à maman. Une promesse que nous avons bien du mal à tenir mais que nous ne romprons jamais.
chapitre two : Les conneries sont là, à attendre qu’on les fasses, et si tu les fais pas c’est que t’es qu’une couille molle.
OLIVER
«
Alors Meyers, t'en es ? » Un grognement de mécontentement franchit mes mâchoires serrées. Les gars savent. Ils sont au courant que je dois marcher droit si je ne veux pas me faire capter par mon paternel. C'est un test bien évidemment. Un jeu à la con pour tester ma loyauté mais impossible de mener ma course à bien cette fois. Si je me pointe pas à cette foutue réunion je suis grillé, j'ai trop déconné ces dernières semaines et je suis surveillé de près dans l'entreprise Meyers. Eh oui c'est officiel, j'ai suivi la voie de papa. Qu'est-ce que j'aurais pu branlé d'autre de toute façon ? Je ne suis pas bon à grand chose. Mais ce n'est pas cette voie là qui m'apporte satisfaction et adrénaline. Non moi j'fais dans le commerce d'un marché un peu spécial, celui de la drogue. Cette substance qui soulage mes maux et m'apporte à la fois les frissons dont j'ai besoin. Ce sentiment d'exister. Ce cri de rébellion ultime. «
Meyers ? » La voix de Pierce résonne à mon oreille. Mon regard passe de mon collègue à Oliver qui se tient à mes cotés. Je m'attarde une seconde de trop dans ses prunelles brunes et innocentes. Une idée terrible vient de traverser mon esprit. Une idée que je refuse d'envisager une seconde de plus. «
Je peux le faire » j'entends la voix de mon amant répondre à ma place. Comment a t'il pu deviner que c'était cette solution que j'avais envisagé l'espace d'un quart de seconde ? Me connait t'il a ce point qu'il peut déchiffrer mes plus sombres pensées ? Cette éventualité me fait peur. Oliver est bien la première personne que je laisse m'approcher. Son âme douce et innocente derrière ses airs de petit rebelle a touché la mienne au plus profond de mon être. Jamais je ne m'étais livré à qui que ce soit avant lui mais je n'étais pas prêt à le laisser avoir l'ascendant sur moi. «
Hors de question. » «
Pourquoi ça ? » Parce que c'est trop risqué. «
C'est hors de question c'est tout. » Le regard noir j'essaie de le dissuader seulement j'avais oublié comme Oliver peut être têtu. «
Je ferais ta course. » Les gars se sont marrés devant notre confrontation. Ils se sont moqués en clamant que je voulais protéger mon petit-ami, que c'était trop mignon. Alors pour ne pas passer pour un gros faible j'ai du accepter la proposition d'Oliver. Et à la seconde où j'ai baissé les bras – où je l'ai laissé entrer dans mon monde – j'ai su que les choses finiraient forcément par mal tourner...
chapitre three : Elle est le phare qui me ramène au port.
LETHA
D'un grand coup de rein je m'enfouis au plus profond de son être à l'en faire gémir. Dans un sourire satisfait je me complais de cette brutalité. J'ai besoin de lacérer sa peau, j'ai besoin de m'y agripper fermement, de la sentir rendre mes coups. De toute ma vie je n'ai connu que violence et depuis Sa mort je ne peux que décupler cette rage qui gronde dans mes entrailles. La première fois que je l'ai laissé s'exprimer librement c'est justement après cette fameuse nuit. Je me suis fais un plaisir de défigurer le connard qui avait laissé les choses se produire sous ses yeux. Ce gars même que je croyais être un ami ou du moins un collègue fidèle dans nos affaires secrètes. Pierce n'a plus qu'à faire une croix sur le seul atout qu'il avait auprès des filles, sa belle gueule. Mais ce que je lui ai infligé n'est rien comparé à ce qu'il m'a enlevé. Oliver. Tu es partout, tout le temps avec moi et je ne sais pas quoi faire de cette détresse. Je n'ai pas trouvé d'autres moyens d'essayer de l'expulser qu'en exprimant toute ma rage. De mes poings, de par le sexe aussi. Mais il n'y a qu'une personne qui puisse partager ces instants avec la même intensité que la mienne. Il n'y a qu'une qu'Elle qui peut comprendre. Nous sommes liés par cette tragédie. Letha et moi. La sœur d'Oliver. Mes prunelles croisent celles de la jeune-femme et je remarque pour la première fois combien elles sont profondes. D'un brun magnétique. Et d'une candeur qui n'est pas sans me rappeler quelqu'un. Il n'en faut pas plus pour m'interrompre. Mais je remarque également autre chose. Ses pupilles sont dilatées. Elle qui avait toujours pris soin de contrôler son hygiène de vie. Qu'était t'elle en train de faire ? Qu'étais-je en train de faire ? Il fallait que je mette fin à ce désastre avant que l'histoire ne se répète. Encore.
chapitre four : "Pardon, que j'parle un peu moins fort ?
Ah, on vous dérange en fait, merde...
Et ben si on t'dérange tu t'casses ou sinon tu fermes ta gueule."
LANA
Des applaudissements retentissent. Pour ma part je me contente de faire semblant dans mon coin en roulant des yeux. «
Très bien, merci Ella de nous avoir fait partager ton expérience. Comme pour chacun d’entre nous, le groupe te soutiendra dans chacun de tes progrès. Maintenant voyons voir… à toi Léonhard » Je hausse les sourcils avant de secouer la tête. «
Il faut que tu participes à l’exercice. Tout le monde a joué le jeu. C’est à toi de nous raconter pourquoi tu es ici. » Mais je reste muet. Calme. Mais muet. Je ne veux pas parler d'Oliver, de ce gars que j’ai fracassé, non, hors de question. «
Il est ici parce qu’on l’y a forcé. » Les yeux baissés je les relève pour découvrir qu’une jeune-femme me fixe. «
C’est écrit sur sa gueule qu’il desserrera pas les dents. » Elle me sourit. Un de ces sourires en coin qui veut dire "j’ai très bien cerné ton petit manège". Elle m’a tout de suite plu.
Lana. Elle s’appelle Lana cette jeune-femme que j’ai rencontré ce jour-là. Après le cours elle m’a abordé et elle m’a proposé de partager une Chupa Chups. Je sais pas pourquoi j’ai trouvé ça original et cool. Comme si nous étions un petit couple qui échangions notre salive. Nous sommes bien vite devenus inséparables. Lana c’est ma meilleure amie, mon âme sœur. Nous nous connaissons sur le bout des doigts sans avoir eu besoin de nous raconter les choses, nos citatrices. Seulement voilà, Lana elle est comme moi. Elle a un gout prononcé pour la destruction et prône l’anarchie. C’est une jolie bombe à retardement Lana. Une vraie tigresse.«
Hé… tu boudes ? » Elle reste silencieuse et immobile, assise sur le canapé. «
J’te signale que c’est dans mon appart que tu squattes quand même alors tu pourrais au moins me faire la conversation. » Lana boude. Hier on avait trop bu. Pour nous amuser nous sommes rentrés dans cette épicerie pour en chourer quelques munitions. Des bières. Pas parce qu’on pouvait pas les payer. Juste parce qu’on est comme ça. Ensemble on se choute à l’adrénaline. Et à la coke aussi parfois. Mais nous ne frôlons cette impression de liberté que lorsqu’on se met en danger tous les deux. Seulement voilà, quand la cavalerie a débarqué, je lui ai lâché la main. Elle a bien failli se faire choper. Et depuis… C’est silence radio. Elle est là, mais c’est comme si elle n’était pas là en même temps. «
Tigresse » je viens murmurer à quatre pattes contre son oreille. Lana cligne des yeux. Je la sens flancher…. Doucement mais surement. Sans prévenir elle m’envoie un coup de poing dans le ventre. Putain la traîtresse. «
Tu m’as abandonnée. » Je soupire avant de me marrer. Cette tendance a tout exagérer c’est bien elle ça. Comme si j’étais réellement capable de la laisser. Par mécanisme je me protège les parties alors qu’elle frappe encore. «
Défoules-toi vas-y » je la défie du regard. Ses mains s’emparent alors de mon t-shirt pour le déchirer d’un geste avant de plaquer ses lèvres contre les miennes. Je crois que c’est le moment de fermer ma gueule.