gamins en perdition, folie à l'horizon.

Meera, elle se balade doucement sur les campus. Elle essaie de ne penser à rien. D'avoir l'esprit léger et vide. Parfois, elle croise des personnes qu'elle connait, s'arrêtant quelques secondes pour les saluer, parler un petit peu. Mais à chaque fois, elle repart sur sa lancée. Se retrouver seule, souffler un coup, réfléchir. Les bras longeant son corps, se balançant au même rythme que ses hanches, Mee', elle observe tout ce qui l'entoure. Sa joie illuminante est en train de disparaitre tout doucement. Elle lui échappe, comme des grains de sable. Elle n'arrive plus à garder le contrôle sur ses émotions. En ce moment, il lui arrive souvent de pleurer, enfouis dans son oreiller. Elle se trouve toujours des excuses Mee'. La fatigue, les examens, les règles, les hormones...Parce qu'elle veut fuir la réalité. Sa réalité. A quoi bon y penser si celle-ci est mauvaise ? Alors elle laisse trainer ses pieds sur le sol dur. Lassée. Déprimée. Et pourtant...En quelques secondes, ses sourcils se froncent, son expression change. Il est là. Ce gars qui l'a prise pour une autre. Elle le reconnaitrait même les yeux fermés. Il est bien plus grand que la normale. Un dos assez musclé. Et puis Meera, elle a l'oeil. En même temps comment oublier leur première rencontre. Avec cette vision, Mee', elle a une idée qui s'installe dans son esprit. Un sourire malicieux capture ses lippes et elle entre en action. Ses jambes s'activent, ses pieds se mettent à courir. Elle tente d'être discrète mais ce n'est pas réellement un mot appartenant à son vocabulaire. Disons qu'elle est même tout l'inverse. Mais elle s'en fiche. Parce qu'elle le fait quand même. En quelques secondes, la jolie poupée, à nouveau lumineuse, arrive derrière le jeune homme. Dans un mouvement assez brutal, elle saute sur son dos en prenant soin de lui cacher les yeux avec ses petites mains frêles. Elle penche son minois pour atteindre son oreille, retenant ce rire qui a envie de sortir avec violence. « alors joli coeur, on m'reconnait maintenant ? » qu'elle dit d'une voix tremblante, prête à exploser. Meera, elle descend vite de son dos pour se faufiler devant lui. Sourire agrandit, rire franc. Ses yeux papillonnent à la mignonne. Ils sont illuminés par cette joie qui, d'habitude, consume la jolie Meera.

Je n’arrête pas d’y repenser, à cette situation…Mes parents qui sont au bord du gouffre, qui se disputes encore et encore, ne cherchant même plus à se cacher. Courant sur le campus, je laisse ma course tenter de m’apaiser, de me sortir de cet état de transe, de cet état de pause constant. J’ai besoin de respirer, de prendre une bouffée d’air frais. Je dois m’accrocher à quelque chose, je dois surtout ne pas lâcher. Mais comment faire quand tout mon être me crie d’abandonner ? Bonne question. Je n’ai jamais été fort, du moins, pas mentalement. Certes, ma musculature est trompeuse, mais mon esprit est depuis bien des années sur le point de s’éclipser. Un simple training, des baskets blanches, un t-shirt sans manche pour seuls habits et me voilà en train de courir comme si j’avais le diable aux fesses sur le campus. Plusieurs regards se tournent vers moi, mais qu’importe, je n’en ai que faire de ses yeux ignorants. Les minutes s’écoulent, mon cœur bat férocement dans ma poitrine alors que mes muscles se tendent, que mon esprit s’envole au loin. Je ne m’arrête qu’une fois que je sens la fatigue m’accabler, me martyriser. Tremblant légèrement, je me mets à marcher pour ne pas me faire mal. Prenant ma bouteille d’eau, je bois quelques gorgées avant de reprendre mes esprits. Du moins, ce qu’il en reste. Depuis que je suis arrivé ici, tout semble différent, bien trop différent. J’ai tout abandonné pour venir ici, pour m'éloigner. Je savais que ça ne serait pas facile…mais pas à ce point. Alors que je m’étais arrêter pour reprendre mon souffle convenablement, j’entends des bruits de pas venir en ma direction. Loin d’imaginer la suite, je sens un corps s’effondrer sur mon dos. Réflexe premier, je pose mes mains sous les cuisses de la demoiselle pour l’empêcher de tomber. Vacillant légèrement, je me retrouve plonger dans le noire, l’obscurité qui ne me fait pas peur. Frisson qui s’empare de ma chair, quelques mots murmurés à mon oreille d’une voix que je reconnais rapidement. Meera. Jolie rousse à la silhouette svelte que j’avais pris pour une amie à notre première rencontre. Elle glisse, fait le tour de mon corps tout en me rendant ma visibilité. « Je ne risque pas de ne pas te reconnaitre princesse, encore moins si on continue à se sauter dessus lorsque nous nous croisons. » Je souris avec amusement en plantant mon regard dans le bleu océan du sien. Petite perle au sourire ravageur, elle a ce don pour transmettre son envie de rire, de sourire. « Tu m’as pris pour un poney à me sauter sur le dos ? » Petit air taquin qui s’empare de mes lippes, qui s’étend jusqu’à mon regard gris-vert. Oui, je ne veux en aucun cas montrer mes tourments, je ne suis pas ici et la jolie rousse ne mérite pas une telle compagnie.