Geman — La foule est bien trop dense à mon gout. Planté contre un mur, les bras croisés contre ma poitrine, je pousse un soupire en observant mes parents se pavaner auprès des réalisateurs, acteurs et autres représentant avec le portefeuille bien rempli. Déjà, cette journée va me casser les bonbons et je n’ai qu’une envie, filer retrouver mes amis qui sont déjà dans la salle. Mila ne vient pas ou alors, elle ne m’a pas prévenu. Je sais que je dois la retrouver au bal masqué, mais c’est bien plus tard dans la soirée, du coup, me voilà complètement paumé dans cette foule affolante et bruyante. Me dirigeant vers la file pour me prendre de quoi grignoter durant la projection, mais également à boire, je joue calmement avec mon téléphone portable l’espace de quelques instants, perdu dans mon monde virtuel. Les réseaux sociaux, les messages, les snaps, c’est ma génération, j’en suis devenu accro. Puis, en-même temps, je sais que ça énerve mes parents, donc autant que je continue… La file avance et je fais de même. Bordel, je n’en vois pas la fin, à croire qu’ils ont tous besoin de bouffer durant le film ! Bon, je peux bien parler, je suis un estomac sur pattes. Mais quand même…j’aurais dû prendre la file VIP, ça aurait été plus vite. Grognant dans ma barbe de trois jours, je roule des yeux en tapant du pied exaspérer. Quand enfin vient mon tour, je paye mon pop-corn déjà bien entamé vu le temps que j’étais resté à attendre, ainsi que mon coca extra large – j’ai une grosse soif et avec un peu de chance j’aurais besoin d’aller pisser durant le film -, souriant poliment à la vendeuse avant de fuir la file. Alors que je quitte la file, mon téléphone vibre et je laisse mon regarde décoller du droit chemin.

Ni une, ni deux, me voilà en train de percuter quelqu’un, renversant mon coca sur elle…parce que oui, il s’agissait bien d’une fille. « Chiotte ! Je suis désolé… » Levant un regard vers elle, le pantalon également trempé de soda, je fronce les sourcils l’espace d’une seconde. Cette fille, je la connais, enfin, je l’ai déjà vu. Lorsque nous nous étions « rencontrés » et que nos regards c’étaient croisés, elle avait fondu en larme. Bien sûr, inutile de dire que j’avais été assez…ben, mal à l’aise. Je n’ai pas spécialement l’habitude de faire pleurer les filles simplement en les regardant. « Hum…on s’est pas déjà croisés ? » Je connais déjà la réponse, mais bon, faut bien faire genre…