I know, you know, we are forever

When we're gone, when we're gone On est bientôt arrivé ? que tu demandes d'un toute petite voix. Ça fait des heures que vous roulez. Enfin, tu crois. T'es pas trop sûre, Perrine, tu t'es endormie à mi-chemin. Tu regardes dehors, il fait déjà noir. Les lumières des bâtiments défilent devant tes yeux. Tu jettes un coup d’œil à ton frère qui est joue de son côté. Tu tends la main pour avoir son jouet qu'il éloigne de toi avant que tu n'aies pu l'atteindre. Allez ! Donne-moi ! que tu rechignes. Le grand, il refuse en se détournant de toi le plus que l'espace confiné de la voiture lui permet. Alban, il veut pas partager son jouet !! que tu finis par hurler. Une moue collée au visage, tu croises les bras. Tu peux entrevoir le regard de ton père dans le rétroviseur et ta mère se retourne vers vous. Alban, partage avec ta soeur, s'il te plait. A ta gauche, t'entends un soupir et puis, une demi seconde plus tard un Tiens. Ton frère te tend son jouet, sans même te regarder. Tu souris, contente d'avoir eu l'objet de ta convoitise. Tu le saisis en main. Regarde Alban ! T'essaies d'attirer l'attention de l'aîné pour qu'il joue avec toi, en vain. Il a les yeux rivés sur la route, sans doute encore fâché qu'il ait dû abandonner ce qui lui appartenait pour te le prêter. Tu le jettes sur le sol de la voiture, tant pis, jouer toute seule, c'est même pas marrant. On est bientôt arrivé ? que tu redemandes encore une fois. Ce n'est pas la première fois que vous prenez la route pour de longues heures. Ce n'est pas la première fois que vous changez de maison, encore et encore. Tu connais la manière dont maman emballe les cartons. Tu sais que les cartons avec le papier collant rouge, c'est les papiers de papa. Tu sais que les cartons avec des dessins dessus, ce sont les tiens. (Tu voulais les décorer pour qu'ils soient plus jolis.) Tu ne sais pas pourquoi, mais tes parents décident souvent de changer d'endroit, alors toi, tu les suis. Enfin, il faut dire qu'à cinq ans, tu n'as pas trop le choix.

We will live in the motion Souvent, Alban, il te soule à t'ennuyer pendant que tu fais tes devoirs, pendant que tu joues avec tes copines, pendant que tu vis, tout simplement. Mais c'est ton frère et tu l'aimes (lui dites pas, s'il vous plait) donc tu laisses un peu couler. Tu le fais chier, il te fait chier, c'est comme ça que ça fonctionne la famille. Tu sais qu'il fait comme si tout allait bien à la maison, devant papa qui attend de grandes choses de lui, devant maman qui l'aime de trop. Mais toi, tu sais. Toi, tu vois. Comment on le traite parfois. Comment on lui parle tout le temps. T'aimes pas, Perrine. T'aimes pas du tout. La seule qui a le droit de le malmener comme ça, c'est toi. Mais tu sais pas trop quoi faire, tu sais pas trop quoi dire. t'es pas du genre à aller parler aux profs ou aux parents, toi. En général, tu comptes sur Alban pour résoudre tes problèmes, mais cette fois, c'est à toi de jouer. Hé, Alban. Y a un truc que j'ai pas compris en math, tu veux bien m'aider, s'il te plait ? Tu mens. Tu mens, tu mens. mais t'as pas envie de le laisser seul ce soir. Promis, j'te fais des cookies demain soir pour compenser ! Tu lui en aurais fait de toute façon. Tu cherches juste des excuses pour être là. Tu veux être là pour lui. C'est ta façon de lui montrer. Au fait, tu sais pas ce qu'il s'est passé aujourd'hui ?! que tu commences. T'aimes bien lui raconter tes journées. Peut-être qu'il s'en fout. Peut-être que ça le fait pas réagir du tout, mais t'espères que ça lui change les idées pendant quelques minutes au moins. Alors Bree fêtait son anniversaire en classe aujourd'hui et [...] donc elle a glissé sur une flaque, alors qu'elle avait son gâteau dans les mains. Rien que de t'en rappeler, ça te fait sourire. La scène sortait tout droit d'un mauvais film comique. Evidemment, Bree, elle a fini en pleurs couverte de gâteau. La pauvre ! T'aurais du la voir ! T'as tellement parlé qu'il ne t'a pas expliqué le problème de mathématique, mais tu t'en fous, toi, tu voulais juste voir Alban sourire un peu. Et tu penses, pouvoir apercevoir les commissures de ses lèvres se redresser. Au moins, on a pas eu cours de géométrie, on a dû nettoyer la classe ! Et tu termines ton histoire d'un petit rire. Ouais, ça fait vraiment plaisir de voir Alban plus souriant.

By the stars we will countdown C'est la première fois, Perrine. La première fois que tu dis non aux vacances avec les parents. Cet été, tu pars chez les Pandey. En Inde. T'as l'habitude de voyager un peu partout avec la famille et tu connais tous les recoins de l'Australie (ou presque) à cause des nombreux déménagements. Mais l'Inde, c'est la première fois. T'as la chance d'y être avec Rochan, en plus, qui peut te montrer tous les meilleurs endroits. Tu ne sais plus où poser les yeux. tellement de nouvelles choses à voir, à goûter, à photographier. Des couleurs, de la joie. C'est beau. Puis tes yeux se posent sur Rochan. Lui aussi, il est beau. Tu rougis à cette pensée. Tu baisses les yeux attivement. Tu sais pas d'où ça sort, ça, Perrine. Rochan, c'est un ami. Rochan, il t'aide pour les cours, il est toujours là pour écouter tes blagues pourries, toujours là pour te suivre dans tes plus folles idées. Tu sais pas d'où ça vient. Là, j'y allais souvent quand j'étais plus jeune. Tu sors de tes pensées pour regarder l'endroit qu'il pointe du doigt. Tu prends une photo rapidement et puis, ton regard se perd encore une fois. Il vagabonde sur les traits du visage de ton ami. Tu ne l'entends plus parler, mais tu continues de l'observer. Tu le connais pourtant, Rochan. Quatre ans que vous étudiez ensemble et pourtant. T'as l'impression de voir un nouvel homme. Il pose les yeux sur toi et tu souris, gênée d'avoir été prise la main dans le sac. Y a ton cœur qui palpite alors que vos yeux se croisent. Tu devrais pas, Perrine. C'est pas normal tout ça. C'est Rochan, bordel. Ça fait quatre ans que tu le connais alors pourquoi maintenant ?