sans aucun titre x

chapitre one des rayures, des ratures, on efface et on recommence. C'est pas bon, ça ne sera jamais assez bon. Je suis là, à écrire un énième devoir sur le corps, parce qu'il n'est pas assez bon, j'ai pas l'impression de l'avoir assez travailler, il m'en faut plus. J'ai pas envie d'être cette fille qui atteint juste la moyenne, j'ai besoin d'être au dessus de la moyenne, d'être la référence, celle dont on prononce uniquement le prénom parce que le nom de famille est déjà trop lourd à porter, mais pire encore, je serais tellement une référence qu'il ne sera qu'accessoire. Harley devrait suffire, ça devrait être assez. Ne rien ajouter d'autre, le nom a déjà fait trop de ravage, déjà trop compliqué à porter étant enfant.


chapitre two On attends beaucoup trop d'enfant comme moi, vous savez ? On attends à ce qu'ils arrêtent le biberons tôt, pas trop tôt mais juste dans la moyenne. Qui soit précosses dans le language, qu'ils se tiennent droit à table, qu'ils mangent bien mais pas trop non plus, pour ne pas effrayer. Il faut savoir lire et écrire assez rapidement, comprendre le monde tôt et très jeune, savoir s'en sortir sans encombre alors que notre âge n'a pas encore deux chiffres. Faire de longues études, finir avocat, médecin, politicien. Entrer dans la meilleure université du pays, parler anglais mieux que personne, être selectionner pour un programme d'échange. Papa a toujours mis beaucoup sur nos épaules, il a toujours beaucoup espéré, beaucoup voulu.
Et puis, au milieu de toute cette pression, toute cette perfection, il y a ma mère. Indécevable, elle est heureuse d'une simple rature sur une feuille. Simple, elle vit comme elle l'entends, loin de la pression du père, loin de tout les dictats imposés par le nom de famille qu'elle porte depuis déjà plusieurs années. Papa me voyait dans la politique, hautement placée, à admirer le monde sur un large fauteuil. Maman, elle, me voyait aider le monde, faire le bien partout. Si il y en a une que je ne veux pas décevoir, c'est maman. Je sais qu'au fond, même si je rate, même si je me loupe, elle restera cette femme fière. Fière de m'avoir vue grandir et d'être celle que je suis maintenant. Maman se moque qu'un avocat, d'un médecin ou d'une danseuse, maman elle veut juste des enfants heureux.


chapitre three Au milieu de tout ça, il y a moi. Moi et ma danse, moi et mon envie de bien faire dans le monde, moi qui a envie d'être heureuse. Maman m'a toujours encouragé, m'a toujours dis de faire ce que je voulais, ce que je rêvais. Papa, plus terre-à-terre, m'a poussé vers la médecine, la danse c'est chouette quand c'est une passion, quand c'est pour un bal, un anniversaire, une soirée dansante, mais pas quand il s'agit d'un métier. D'ailleurs, est-ce que c'est réellement un métier ? Pas à ses yeux, non. Alors j'essaie de ne décevoir aucun des deux. J'ai choisi la pédiatrie, parce que je sais que je suis aisée mais que nous sommes que trop peu à l'être. Je sais que des enfants vont mal, partout dans le monde, constamment. Je deviendrais médecin pour ses enfants pauvres qui ne peuvent pas se permettre des frais trop élevés, j'aiderais les plus démunis avec des soins adaptés pour leur enfants, parce qu'ils sont l'avenir, que chacun a le droit de réaliser son rêve, et ce n'est pas parce que je n'ai pas pu vivre de ma passion que d'autres ne pourrons pas vivre à cause d'handicapes. Me voilà au milieu, à essayer de rendre heureux mes deux parents, tout en ne négligeant pas la danse à côté, même si je sais que je perdrais en crédibilité en médecine. Ce choix est un combat quotidien, je n'ai pas le droit d'être jolie, intelligente et talentueuse. C'est trop pour une seule personne, alors je me contente de n'être qu'intelligente, parfois jolie, délaissant le talent pour ne pas être encore plus la paria que je suis déjà dans cette filière bien trop selective.