it's like a bad joke
with a big fuck.

Pause déjeuner ou plutôt le moment préféré de Meera. Chaque jour, elle l'attend avec impatience. Parce que c'est connu, Mee', c'est un ventre sur pattes qui n'arrête jamais de manger. La rousse, elle vit pour la bouffe. C'est devenu une passion à force. Son meilleur ami Caleb est le premier à le lui faire remarquer. Le gras, le sucré, elle en est accro. D'ailleurs, elle a souvent les yeux plus gros que le ventre, comme à midi. Son repas dépasse la quantité que son estomac va pouvoir accepter, mais elle s'en fiche. Tout ce qu'elle désire c'est s'assoir et déjeuner tranquillement. Aujourd'hui, Mee', elle est seule. Sam et Caleb ont un rendez-vous pour la natation. Enfin, elle croit. Elle n'a pas vraiment écouté étant plongée dans le dessin qu'elle doit rendre pour demain. Et même une fois assise, sa gorge déglutissant les aliments qu'elle apporte à sa bouche, Mee', elle continue sur sa lancée obnubilée par les traits qu'elle crée avec perfection. Son crayon gris commence une danse rythmée avec la feuille blanche. La jolie poupée se perd doucement dans son monde. Ses yeux bleus naviguent docilement sur ses gestes, sur les marques qu'elle confectionne. Autour d'elle, il n'y a plus aucun bruit. Elle est loin la mignonne. Mais pas assez pour s'empêcher de remarquer cette ombre s'approchant de sa table. Sourcils d'un seul coup froncés, Meera, elle redresse délicatement son minois avant de le stopper sur la vision qui s'offre à elle. Pas vraiment un cadeau, plus une malédiction. Alors elle contracte la mâchoire, déjà exaspérée par la situation. « Si c'est pour foutre ma journée en l'air, t'en fais pas t'as réussi..» qu'elle dit d'une voix désagréable. Meera, elle a pas l'habitude d'être si méchante. Mee', c'est la joie incarnée, le soleil qui éclaire le visage des autres. Sourires constamment marqués, il est rare de la voir de mauvaise humeur ou en pleurs. Pourtant avec Garett, c'est autre chose. Réellement autre chose. Elle n'arrive pas à mettre de mots dessus. Ou plutôt elle n'veut pas la mignonne. Trop apeurée par ce qu'elle pourrait découvrir. Parce qu'au fond elle le sait, elle le sent. La jolie poupée se ment à elle même à son sujet.

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Une énième journée de cours qui débute sous de bons hospices. Pour une fois, tu t’es couché relativement tôt, prétextant une occupation quelconque. La vérité c’est que tu avais besoin de dormir pour rattraper tes nombreuses heures de sommeil. Les jeux vidéo te prennent énormément de temps. Mais pas que, les études également. Ces derniers temps, les projets s’amoncèlent sur ton bureau, réduisant catégoriquement tes heures libres. Un sourire s’étire lorsque tu regardes un instant vos conversations avec cette joueuse partageant de nombreuses quêtes en ta compagnie. Loin de songer une seule seconde qui se cache derrière l’écran. Comme quoi, dans le monde virtuel, l’on peut devenir n’importe qui, c’est pourquoi tu y es autant attaché. Un dernier coup d’œil à ton jeu et te voilà parti en cours, en vitesse. Le temps passe à une vitesse folle, surtout le matin que tu n’apprécies guère. Le soir, ton cerveau est plus productif. Là, tu n’as qu’une envie : retrouver ton matelas. Tes paupières sont lourdes, pour une fois, les mots du professeur te parviennent en détaché, la moitié étant balayé par ta fatigue. Ta tête dans le creux de ta main, difficile de se concentrer, surtout quand tes voisins ne font que parler. Les voix se mélangent, créant un brouhaha incessant. Un bordel bruyant inaudible. La seule chose que tu discernes distinctement c’est la fin du cours. Aussitôt, tu te lèves pour prendre le chemin de la cafétéria, ton estomac réclame de la nourriture, se tordant douloureusement de ne rien avoir eu depuis hier soir. Parce que oui, ce matin le temps t’a manqué pour ingurgiter quelque chose. La nourriture servie n’a rien de ragoutant, l’odeur qui s’en échappe agresse tes narines. Une grimace discrète apparaît sur ton visage, que tu corriges lorsque les yeux de la serveuse se posent sur toi. Elle devrait le savoir pourtant que sa nourriture laisse à désirer, mais loin de toi l’envie de créer un esclandre. Sans attendre, tu soulèves ton plateau et du regard tu cherches une place. Elles sont prises d’assaut. Tes pas te mènent donc jusqu’à une chaise disponible, tes opales se posent sur la rousse, visiblement pas ravie de ton arrivée. Elle aurait préféré manger seule. Aucun mot n’est sorti de ta bouche qu’elle crache son venin. « Je…Il n’y avait pas de place, désolé. » Tu es incapable de lui tenir tête, déjà, avoir pu lâcher des mots sans bégayer est un exploit. Tu poses ton plateau sur la table, apercevant son dessin. « Il est joli. » Avoues-tu en esquissant un léger sourire pour tenter de détendre l’atmosphère, en fait, pour te détendre toi-même surtout.

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Elle voulait juste être tranquille Meera. Se poser et avoir l'esprit vagabond. Pouvoir se plonger dans ses dessins, dans son univers sans être obligé de faire la conversation, sans devoir être entourée et suivre le fil des discussions. Parfois, ça lui arrive à la jolie rousse. De vouloir faire une pause, de rester seule. Non pas qu'elle fasse la gueule, simplement, Mee', elle aime bien se retrouver sans personne. Devoir se satisfaire elle, pas d'autres. Et il en faut peu. La preuve, un crayon, une feuille, et la voilà émerveillée. Mais tout se chamboule quand il arrive. Lui. Pas un autre. Lui. Garett. Meera, elle sent son myocarde qui s'affole, son esprit qui se torture. Elle voudrait être naturelle, mais elle n'peut pas. Quelque chose la bloque. Elle pourrait facilement deviner quoi mais l'envie n'y est pas. Elle n'a pas besoin de ça en plus dans sa vie. Alors elle joue à la garce Mee'. Un comportement qui est loin d'être le sien. Mais elle s'y oblige, se force à trouver des répliques blessantes pour l'éloigner. Parce qu'elle veut juste qu'il s'en aille. Elle n'veut pas ressentir tout ça...Et Meera, elle a déjà commencé à cracher son venin alors qu'il se pose à peine devant ses yeux enflammés. Elle ne rate pas une seule seconde pour lui montrer qu'il n'est pas le bienvenu. Mais il n'a pas le choix Garett. La seule chaise libre est juste ici. Quel désastre. Pourtant, elle y croit Mee'. Qu'il se taise, mange et s'en aille comme il est venu. Mais elle a tout faux. Encore une fois. Garett émet une phrase, prononce des mots qu'elle distingue sans le vouloir. Elle se stoppe dans son action et relève à nouveau le regard vers lui, presque interrogateur. « t'y connais quelque chose en dessin toi ? » qu'elle balance un peu trop rapidement, sans prendre le temps d'articuler. Peut être qu'au fond, Garett est intéressant. Peut être qu'au final, apprendre à le connaitre pourrait changer la donne. Alors elle essaie, elle montre son croquis, l'espoir naissant dans ses prunelles « Est-ce que d'après toi, ça te donne l'impression d'être en mode chic mais déjanté ? » qu'elle ajoute en espérant qu'il ne prenne pas la fuite parce qu'elle est en train de lui demander son avis.  

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Visiblement, ta présence dérange, comme la plupart du temps. Tu ne comprends pas réellement pourquoi mais Meera agit toujours de la sorte en ta compagnie. Pourtant, elle est loin d’être méchante avec d’autres. La rousse est une femme sociable, agréable, sauf avec toi. Longtemps, tu t’es posé la question, encore aujourd’hui, elle t’anime mais reste sans réponse. Incapable de répliquer, tu joues profil bas. Le manque de confiance est probablement ton plus grand défaut. Nombreuses sont les fois où tu baisses les yeux quand un gorille te maltraite. Souvent, ce sont tes amis qui haussent le ton. Il te faudra énormément de temps pour parvenir à ne serait-ce que défier tes agresseurs du regard. Meera n’échappe pas à la règle, tes prunelles sont fuyantes, tandis que tu t’assois, fixant ton plateau. Le malaise te prend, tant tu sens l’aversion qu’elle ressent à ton égard. La gorge asséchée, tu as envie de creuser un trou pour t’y enterrer, pour disparaître de sa vue. Ses prunelles claires semblent te fusiller sur place, t’implorer de partir, néanmoins, le choix ne t’appartient pas. La cantine est bondée, toutes les autres places étant prises, tu as été obligé de la déranger. Dans le cas contraire, tu aurais évité d’entrer dans son espace vital. Son comportement attise cependant ta curiosité. Un silence pesant s’installe, que tu tentes de briser en émettant une remarque agréable. Bien entendu, sa réponse te ravise dans ta tentative de détendre l’atmosphère. Ton sourire fane, tu soupires discrètement, te maudissant intérieurement de l’avoir énervé. Tu ouvres la bouche pour répondre mais ne dis rien, te contentant de prendre une bouchée de ton plat, comme pour faire passer la gifle que tu viens de prendre en pleine face. Tu te promets de rester silencieux le temps de terminer le repas, pour ne pas être de nouveau la victime de son courroux. Sa question t’étonne à tel point que tu manques d’avaler de travers, que tu bégayes avant de parvenir à formuler une phrase. « Je trouve que ça fait plus chic que déjanté. » Tu crains sa réaction, mais pour étayer ta pensée, tu viens lui montrer un endroit de son dessin. « Peut-être faire plus de volume à ce niveau-là ? Et en haut aussi, déstructurer. » Tu lui montres avec attention, avant de retirer ta main, attendant avec appréhension ce qu’elle va dire face à tes retours. La boule au ventre, c’est presque le cas.