New day has come22 juin 2017 Je n’ai jamais aimé prendre l’avion. Je ne suis pas angoissée quand je le prends, mais j’avoue que lorsque l’agent de bord nous a dits que nous entrons dans une zone de turbulences, j’ai vraiment commencé à flipper. Le truc, c’est que je ne sais absolument pas gérer mon stress dans ce genre de situation. Je finis toujours par faire ou dire n’importe quoi. Tout ce que j’espère, c’est que je ne commence pas à pleurer comme une Madeleine, ça serait bien la honte, selon moi… Je suis côté hublot et je vois qu’on est sur le point de traverser un petit orage. La peur m’empoigne automatiquement l’estomac, tandis que je regarde le mec à mes côtés. C’est un homme d’affaires d’à peu près trente-cinq ans, je dirais et il a l’air complètement tétanisé tout comme moi. À la différence que ses phalanges sont blanches à force de serrer les accoudoirs du siège où il est assis. Je me sens un peu mieux en me disant qu’il a l’air beaucoup plus ridicule que moi.
Lorsque la première secousse se fit sentir, le stress qui avait commencé à descendre revint comme un cheval au galop, tandis que mon voisin se met à crier comme une fillette. Je ne sais plus nous sommes rendue à quelle secousse, mais je suis complètement paniquée. En regardant par le hublot, j’essaye de me calmer. Après tout, l’avion n'est pas supposé être sûr comme moyen de transport ?
Après quelques heures de vols, l’agent de bord annonce que nous allons bientôt atterrir. L’Australie ! Je suis tellement pressée de revoir mon frère. On est très proche et pour cause, c’est mon jumeau. Notre relation a toujours été très fusionnelle. Il ne se passe pas un jour sans que l’on s’appelle ou se voie. Lorsque j’ai quitté notre terre natale, à mes dix-huit ans, pour aller étudier à Stanford, c’était un coup dur pour lui comme pour moi, mais quand vous êtes acceptée dans une des universités les plus réputées du monde, qui plus est en Californie, le choix est vite fait. C’est comme ça que j’ai quitté le confortable nid de la maison familiale pour partir à la découverte de l’Amérique et en profiter pour voir si le rêve américain existant vraiment et de quoi il s’agissait en réalité.
Trois ans que je suis partie sans remettre un pied à Brisbane, ma ville natale. Trois ans que je n’ai pas revu mon frère autrement que sur Skype. Tous les jours certes, mais ce n’est pas pareil. Et bien sûr, il y a ma meilleure amie, Sienna. Sans elle, il y a énormément de chance que je n’aurais pas pu tenir tout ce temps loin de mes proches. Nos délires et nos conneries me manquent énormément. D’ailleurs, c’est elle qui est supposé venir me chercher à l’aéroport, puisque c’est la seule qui est au courant que je rentre au bercail. Je veux faire la surprise à mon frère.
Je descends de l’avion sans plus attendre dès que l’on nous le permette. Il est hors de question que je reste une minute de plus là-dedans au risque de devenir folle. Lorsque je repère finalement Sienna après avoir récupéré mes bagages, j’oublie tout ce qui s’est passé dans l’avion. Toutes mes peurs sont restées à l’intérieur du moyen de transport. Bon sang qu’elle m’a manqué. Sans plus attendre je la serre aussi fortement que possible dans mes bras, ne prêtant pas attention au fait que je peux l’étouffer.
« Bordel ! Tu m’as tellement manqué, Speedy » Elle me serre aussi fortement que moi dans ses bras. Tellement que j’ai l’impression que ma cage thoracique va exploser sous l’impact.
Speedy, c’est mon surnom. Vous connaissez sans doute Speedy Gonzales ? La petite souris mexicaine ultra rapide ? Mon surnom vient de là, depuis mon enfance, je ne tiens pas en place. Je suis un vrai boute-en-train à la limite d’être hyperactive. On pourrait jurer que j’ai le feu au cul. Mes parents ont commencé à m’appeler comme ça, puis mon frère et les autres ont suivi.
« Aller, on a de la route à faire avant d’arriver et tu vas me raconter tous les détails de ces trois ans. » Me dit-elle.
« T’es connais déjà, on s’est parlé au téléphone tous les jours ou presque... » Une fois les bagages dans le coffre de la voiture, nous étions en direction de Brisbane.
« D’ailleurs, c’est plutôt à moi de te demander ce que j’ai manqué ici... » Et elle commença à tout me dire de A à Z sans s’arrêter une seule seconde. Elle n’a rien oublié, me parlant des rivalités, de ce que tous les autres étaient devenus, et même les couples. Lorsqu’elle a annoncé que Sam et Meera était toujours ensembles, j’avoue avoir eu un petit pincement au cœur. J’ai toujours été jalouse d’elle. Pourquoi me direz-vous ? C’est simplement à cause de Sam. Ce dernier est le meilleur ami de mon frère depuis qu’ils ont presque la couche aux fesses et je me suis jamais vraiment intéressé à lui. Mais tout à changé lorsqu’un jour où on a, Liam et moi, organisé une fête d’anniversaire chez nous. Ce soir la, on avait trop bu et que la nuit qui a suivie a été très chaude entre Sam et moi. Vous comprenez où je veux en venir ? Évidemment, on n'a jamais rien dit à personne, Liam et Sienna ne sont pas au courant, gardant cet événement pour nous, mais je n’ai jamais supporté de le voir avec une autre fille. Donc Meera, je ne la porte pas vraiment dans mon cœur, vous vous en doutez bien.
On a passé l’heure suivante à parler de mon retour en ville et mon entrée à l’Université de Queenland, mais aussi de tout et de n’importe quoi jusqu’à ce que je vois finalement le panneau qui indiquait notre arrivés à Brisbane. Quelques minutes plus tard, en tournant le coin, je vois mon frère au loin, en train de jouer au Basket avec quelqu’un que je ne remarque pas tout de suite. Plus on se rapproche d’où habite Liam et plus mon cœur commence à palpiter. J’ai tellement hâte de le serre dans mes bras. Ce n’est que lorsque la voiture se stationne sur le bord de la route que je remarque qui se trouve avec lui. Sam… Encore plus beau que dans mes souvenirs. Il a vieilli. Il est devenu un homme et pourtant, je ne pourrai jamais dire quoi que ce soit concernant mon attirance pour lui. Premièrement parce qu’il est en couple avec Meera et mon frère n’accepterait jamais que sa sœur fréquente son meilleur ami. Jamais je ne pourrai cacher mon faible, que je croyais avoir disparu, très longtemps.
Et c’est là que je me rends compte que je suis dans la merde…